Swisseco n° 33

Karim Tir, Directeur Général ABB Maroc

Mme Nathalie Marville Dosen, Cheffe de Mission Adjointe et Cheffe de Coopération à l’Ambassade de Suisse au Maroc

Au cœur de la diplomatie et de l’action internationale

Nathalie Marville incarne une diplomatie moderne et engagée, grâce à un parcours jalonné d’expériences riches et variées. Née à Lausanne, elle a évolué dans un environnement multiculturel, façonnant ainsi son ouverture d’esprit dès son plus jeune âge. Aujourd’hui, elle occupe le poste de Cheffe de Mission Adjointe et Cheffe de la Coopération à l’Ambassade du Suisse au Maroc. Portrait.

Son parcours académique, débuté à Lausanne, la dirige naturellement vers des études de droit, alimentant son intérêt pour les relations internationales. Son désir de découvrir le monde, nourri depuis sa tendre enfance, l’emmène en Croatie, où elle s’immerge dans le travail de terrain avec l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), posant ainsi les bases de sa future carrière diplomatique. De retour en Suisse, elle se spécialise en droit international, avant de travailler au Tribunal Pénal pour l’ex-Yougoslavie. Son parcours la mène ensuite en Palestine, où elle œuvre en tant que Conseillère Juridique pour la Suisse dans le cadre d’une mission d’observateurs internationaux. Après avoir exploré les rouages de la justice et des relations internationales, Nathalie Marville choisit de se tourner vers le versant politique, en travaillant au service d’un ministre cantonal en Suisse. Cette expérience de la politique régionale la confronte à de nouveaux défis mais renforce également son désir d’œuvrer sur la scène internationale.

La voie diplomatique : un engagement en terrain connu

Son succès au concours diplomatique en 2011 marque le début d’une nouvelle carrière. Nathalie Marville représente la Suisse à Varsovie, Berne, Bruxelles et au Maroc depuis 2022. Pour elle, la fonction diplomatique représente l’aboutissement de convictions profondes. C’est en effet une constante qu’elle incarne : l’aspiration à une vie riche de sens et d’engagement qui correspondent aux valeurs que la Suisse défend au sein de la communauté internationale.

Le parcours de diplomate, c’est aussi et surtout une adaptation en continu. Au Maroc, Nathalie Marville s’est imprégnée d’une nouvelle culture, tout en assumant de nouvelles responsabilités hiérarchiques. « En diplomatie, il faut savoir s’appuyer sur des gens, parce qu’en fait c’est un métier de relationnel, on a toute une structure, avec le soutien de l’Ambassadeur mais aussi de nos collaborateurs locaux qui sont des ressources très importantes pour s’installer, pour comprendre le fonctionnement, mais aussi les intérêts de notre présence pour la Suisse », nous confie-t-elle. Et d’ajouter : « Notre mission, entre autres est d’avoir une bonne compréhension des enjeux du pays, que ce soit au niveau économique, académique, culturel, commercial et de l’ensemble des intérêts bilatéraux pour les transmettre à nos collègues de Berne afin de faciliter les prises de décisions ».

Le Maroc, terre de générosité, d’empathie et de résilience

Au Maroc, Nathalie Marville apprécie énormément la générosité et l’ouverture d’esprit des gens. « Lors de caravanes médicales avec une ONG franco-maroco-suisse, nous sommes une fois partis dans le Moyen-Atlas, non loin de Midelt. J’ai été accueillie par une dame qui ne parlait qu’Amazigh et le soir venu, en se montrant les photos de nos enfants, en essayant de parler avec des gestes, nous avons réussi à converser grâce à ce langage universel qu’est l’empathie et l’intérêt sincère pour l’autre », raconte-t-elle. La diplomate a également été marquée par la gestion du séisme d’Al Haouz et par l’esprit de résilience et de solidarité qui caractérisent le peuple marocain. Ce moment exceptionnel a nécessité une mobilisation importante au sein de l’Ambassade pour répondre aux besoins de la communauté suisse sur place. Cette crise illustre également l’importance de la diplomatie lorsque l’efficacité et la réactivité sont essentielles. Mme Marville souligne ainsi le rôle crucial de la diplomatie au quotidien, qui va bien au-delà des événements protocolaires. Elle a insisté sur la résilience du Maroc qui, dans les semaines qui ont suivi le tremblement de terre, a réussi à organiser avec succès les rencontres annuelles de la Banque Mondiale et du FMI à Marrakech.

Un équilibre à trouver pour toute la famille

En dehors de son travail diplomatique, Mme Marville Dosen trouve son équilibre dans sa famille et sa passion pour les voyages. « J’ai réussi à intégrer mes passions pour le voyage et pour la découverte de nouvelles cultures dans ma vie professionnelle », explique-t-elle. Avec son mari, binational suisse et croate, ainsi que leurs deux filles de 9 et 5 ans, c’est aussi un projet familial qui se met en place, où chacun doit trouver sa place. « J’ai la chance d’avoir un mari qui m’accompagne et me soutient dans ma carrière. Puis il y a mes filles, l’aînée est arrivée à Bruxelles à 2 ans et demi et la dernière y est née, mais connaît davantage le Maroc. Sans oublier nos racines suisses et croates. Nous nous enrichissons de toutes ces expériences », rajoute Nathalie Marville. Le voyage et la découverte font en effet écho à une de ses lectures de jeunesse, « L’usage du monde » de l’écrivain et voyageur suisse, Nicolas Bouvier, et particulièrement à cette citation : « Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait ».

Le Maroc, une terre d’opportunités

À l’égard de la communauté d’affaires suisse au Maroc et à l’étranger, la Cheffe de Mission adjointe insiste sur la nécessité de renforcer les opportunités d’échanges et de rencontres. La diplomate encourage vivement les entreprises suisses à saisir les multiples opportunités offertes par le Maroc. Mettant en avant le succès des délégations économiques et en perspective des événements internationaux à venir tels que la Coupe du Monde et la Coupe d’Afrique, Nathalie Marville appelle à une collaboration renforcée entre le Maroc et la Suisse dans divers domaines, allant au-delà des simples échanges économiques pour englober également la science, la recherche, l’innovation et la technologie.

Portrait Chinois :

  • Si vous étiez une couleur, laquelle seriez-vous ? Les couleurs plutôt vives et lumineuses, qui correspondent à ma personnalité, mais aussi en réaction au contexte international sombre, qui a bien besoin d’un peu plus de lumière.
  • Un pays ? Je vous en donne deux. La Suisse, évidemment et le pays de ma mère : Madagascar. Le fait d’avoir des racines malgaches a évidemment orienté ma perspective sur le monde, mes intérêts personnels. Les Marocains ont d’ailleurs une affection particulière pour ce pays.
  • Une personnalité ? Carla Del Ponte, ancienne Procureure suisse, une des précurseurs de la justice pénale internationale. Elle représente pour moi l’exemple d’une femme courageuse, forte et engagée qui s’est battue pour la justice et la lutte contre l’impunité tant au niveau national qu’international, notamment dans le conflit des Balkans.
  • Un animal ? La fourmi pour le côté travailleur, qui ne lâche jamais l’affaire, qui travaille aussi en intelligence collective. C’est un petit insecte qui peut accomplir de grandes choses !
  • Un livre ?   Indignez-vous et Engagez-vous de Stefan Hessel, deux ouvrages très courts mais avec des messages essentiels pour toutes les citoyennes et citoyens du monde, surtout à notre époque.
  • Un film ? « Mange, prie, aime », avec Julia Roberts. C’est l’histoire d’une Américaine avec une vie bien réglée, qui décide sur un coup de tête de tout abandonner pour partir en voyage initiatique. Ce film m’a rappelé de nombreux moments de mes propres voyages.
  • Un super pouvoir ? La téléportation, parce qu’à la fois dans mon métier, mais aussi personnellement, je dois prendre l’avion pour aller voir mes proches en Suisse et en Croatie. Cela me permettrait de me déplacer quand je veux et sans émettre de CO2 !

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janvier, 2025

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