« Le Maroc et la Suisse entretiennent des relations économiques en croissance et avec un fort potentiel d’améliorations accrues»

A l’occasion du centenaire de la présence diplomatique suisse au Maroc, Swisseco a recueilli les ambitions de S.E Guillaume Scheurer, Ambassadeur de Suisse au Maroc, pour cet événement qui célèbre un siècle de relations basées sur l’amitié et la coopération entre les deux pays.
Cette année marque le 100e anniversaire de la présence diplomatique suisse au Maroc, comment prévoyez-vous de célébrer ce grand moment dans ce contexte si particulier ?
Le premier consulat honoraire suisse a ouvert ses portes à Casablanca en 1921. Un tel anniversaire nous offre l’occasion de célébrer 100 ans de relations d’amitié et de coopération entre le Maroc et la Suisse. Malgré les incertitudes liées à la crise sanitaire, nous avons pris le pari de nous lancer dans un programme ambitieux axé notamment sur l’innovation et d’autres thématiques importantes comme l’histoire, l’économie, l’art, et la culture. Dans ce cadre, les célébrations seront officiellement lancées le 22 juin à l’Académie du Royaume du Maroc. Une conférence historique sera notamment organisée afin de retracer les moments constitutifs de la relation bilatérale entre nos pays. Elle sera suivie d’une réception mettant en avant la gastronomie et l’innovation suisses grâce au Roboclette.
Dans le même sillage, nous avons également prévu une série de conférences sur le thème « Innovation et questions du temps présent ». Concrètement, ce cycle de conférences prévoit sept conférences qui auront lieu entre juin 2021 et janvier 2022. Les thématiques envisagées et l’envergure du projet ont naturellement mené à la création d’un partenariat entre l’Ambassade de Suisse, l’Académie du Royaume du Maroc et l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques, ces dernières étant deux institutions prestigieuses et de référence pour la conservation et le développement du savoir au Maroc. La conférence inaugurale, intitulée « intelligences artificielles : mythes et réalités » sera prononcée le 24 juin 2021 par le Professeur suisso-marocain Rachid Guerraoui de l’EPFL.
D’une façon plus générale, comment jugez-vous les relations maroco-suisses, tant sur le plan politique, qu’économique ?
Les relations politiques connaissent un essor dont nous nous réjouissons. Sur le plan économique, le Maroc et la Suisse entretiennent des relations en croissance et œuvrent continuellement à promouvoir la coopération dans divers domaines. C’est le cas notamment dans des secteurs comme le tourisme durable, les transportsl’agriculture et les énergies alternatives.
Ces bonnes relations sont illustrées par le dynamisme de nos échanges commerciaux, qui ont atteint plus de 600 millions d’euros pour la première fois en 2019. Cela fait du Maroc notre troisième partenaire commercial en Afrique. De plus, nos investissements ici se traduisent en presque 10 000 emplois répartis dans plus de 50 entreprises suisses actives dans une grande variété de secteurs. Plusieurs entreprises suisses de grande taille y sont présentes, telles que Nestlé, LafargeHolcim, ABB, Givaudan, SGS, Sicpa, Sika, Swissport, Syngenta, etc mais aussi des entreprises de taille plus petite.
Comment l’Ambassade peut-elle intervenir pour fluidifier la coopération entre les deux pays ?
L’Ambassade possède plusieurs atouts pour fluidifier les relations entre le Maroc et la Suisse à travers notamment la présence de 3 consulats honoraires, dont le dernier a été récemment inauguré à Agadir. La présence d’une communauté suisse d’environ 1 800 compatriotes représente également un véritable atout. Celle-ci est très active avec les petites entreprises avec une présence et une interaction dans divers domaines (économique, commercial, culturel, et humanitaire). Une relation basée avant tout sur l’échange et la coopération. Je tiens également à souligner l’énorme travail effectué par l’équipe de la Chambre de Commerce Suisse au Maroc. A ce titre, les 160 membres de la Chambre sont des partenaires très appréciés de l’Ambassade. Pour fluidifier la coopération et la rendre meilleure, nous devons travailler et œuvre ensemble dans ce sens.
La Chambre de Commerce Suisse au Maroc (CCSM) a l’ambition de créer plus de synergie avec l’Ambassade et les institutions suisses ? Comment évaluez-vous cette démarche ? Comment l’Ambassade peut-elle y contribuer activement ?
La Chambre est un partenaire central avec qui nous entretenons d’excellentes relations. Je tiens réellement à la saluer pour son dynamisme. Malgré un contexte sanitaire difficile, la CCSM a su se monter résiliente, à travers notamment l’organisation de webinaires avec des invités prestigieux et des thématiques intéressantes. Des rendez-vous virtuels très appréciés par les membres de la Chambre. Avec le Président de la CCSM, nous avons développé une collaboration commune par le biais notamment de visites politico-économiques dans plusieurs villes du Maroc. Ce fut l’occasion d’aller à la rencontre des autorités locales, des institutions régionales et des entreprises suisses. Je pense que ces visites conjointes permettent à chacun d’avoir une valeur ajoutée. Les deux entités déploient d’énormes efforts pour se renforcer continuellement et développer ainsi une cohérence commune notamment auprès des partenaires potentiels. C’est très important de continuer à échanger régulièrement afin de générer des actions concrètes pour attirer plus d’acteurs suisses au Maroc.
Un dernier mot pour les entreprises suisses qui souhaiteraient investir au Maroc ?
D’une manière générale, il est important pour les entreprises suisses qui souhaiteraient investir au Maroc de prendre exemple ou de s’inspirer de celles qui sont déjà actives dans le Royaume depuis de longues années. Elles ont besoin d’une prise de conscience, de sortir des clichés habituels et de venir vers le Maroc avec un regard tourné vers un pays moderne, industriel, disposant d’infrastructures de grande qualité, et d’un capital humain bien formé. Il est également important pour ces entreprises de s’intéresser au Maroc non seulement pour ses qualités et potentiels intrinsèques mais aussi de considérer le Royaume comme une plateforme et une porte ouverte vers le continent africain.