Swisseco n° 30 – 3 questions à M. Guy Parmelin

M. Guy Parmelin, Conseiller Fédéral Suisse, Chef du département fédéral de l’Économie, de la Formation et de la Recherche
« Il faut mettre le Maroc sur le radar de la place économique suisse »
Ce dernier trimestre de l’année est marqué par la multiplication des opportunités d’échanges entre les acteurs économiques suisses et marocains. Pour ce numéro, nous avons eu l’honneur de soumettre nos 3 questions à M. Guy Parmelin, Conseiller Fédéral Suisse, Chef du département fédéral de l’Économie, de la Formation et de la Recherche, en marge de sa visite officielle au Maroc, accompagné d’une délégation économique et scientifique. Entretien.
SWISSECO : Vous avez effectué une visite officielle au Maroc, accompagné d’une délégation économique et scientifique. Quels en étaient les objectifs ?
M. Guy Parmelin : L’objectif principal de ma délégation a été de découvrir le panorama économique marocain et d’évaluer les opportunités qu’il offre aux entreprises et aux institutions scientifiques suisses. Le Maroc est un partenaire géographiquement proche, qui a suivi une trajectoire d’industrialisation et de développement économique impressionnante, ces deux dernières décennies, bénéficiant de très bonnes infrastructures et d’une ouverture économique marquée, incarnée par plus de 55 accords de libre-échange. Au niveau bilatéral, les conditions-cadres sont excellentes. Il s’agit maintenant de passer à une nouvelle étape : le rapprochement des deux économies. Pour cela, il est important pour les entreprises et les institutions scientifiques suisses de venir au Maroc, de découvrir par elles-mêmes l’offre marocaine et d’échanger avec des acteurs économiques clés sur place. Enfin, je considère également central, dans un monde toujours changeant, d’évaluer les pistes d’optimisation des conditions-cadres, et cela se fait à travers des discussions franches et constructives avec mes homologues du gouvernement marocain.
SWISSECO : La Suisse est l’un des partenaires privilégiés du Maroc depuis plusieurs années. Quelles sont les opportunités que peut offrir une coopération plus étroite entre les deux pays ?
M. Guy Parmelin: Les relations économiques entre la Suisse et le Maroc se développent depuis plusieurs années, de manière dynamique. En 2022, le volume bilatéral des échanges a atteint un niveau record de CHF 780 millions. L’aspect le plus important à noter, à cet égard, est que le commerce bilatéral est équilibré et diversifié. Il suit une tendance haussière depuis plusieurs années, bien qu’il y ait encore un potentiel à exploiter. La nature diversifiée de ce commerce nous fournit une base solide sur laquelle ce potentiel peut être exploité par les acteurs économiques suisses et marocains. En outre, de nombreuses entreprises suisses ont décidé de s’implanter au Maroc. Elles y sont actives dans de nombreux domaines et très bien intégrées dans l’écosystème marocain générant des milliers d’emplois. Elles sont activement impliquées dans la formation professionnelle sur place. Au regard des liens déjà étroits, nous pouvons dire que ce travail porte ses fruits. Je suis convaincu que sur la base de cette relation de long terme, bénéficiant d’un cadre robuste, les acteurs économiques suisses et marocains continueront de créer de nouvelles opportunités mutuellement bénéfiques.
SWISSECO : Comment appréciez-vous les liens économiques qui lient la Suisse au Maroc et que faudrait-il faire pour renforcer davantage la coopération entre les deux pays ?
M. Guy Parmelin: Les relations économiques bilatérales sont excellentes. Nous possédons un accord de libre-échange, un accord de protection et de promotion des investissements ainsi qu’une convention contre la double-imposition. Ces conditions-cadres, idéales, permettent de fournir les bonnes incitations pour les places économiques marocaine et suisse et facilitent l’interaction entre elles, selon les opportunités qu’elles identifient. Un des piliers de la stratégie de politique économique extérieure de la Suisse réside dans le renforcement de la résilience économique à travers la diversification de ses partenaires. Le Maroc se positionne comme un partenaire potentiel à cet égard, grâce aussi à sa situation géographique, au carrefour de l’Europe et de l’Afrique, et une collaboration étroite entre le Maroc et la Suisse peut bénéficier à notre prospérité économique.
Comme je le disais tantôt, les opportunités qu’offre le Maroc pour des entreprises en quête de résilience sont évidentes, mais les acteurs économiques suisses nécessitent une plus grande familiarisation avec ces opportunités. Il faut mettre le Maroc sur le radar de la place économique suisse ! Des efforts ont été consentis à cet égard cette année, notamment à travers la visite du Président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) en Suisse ainsi que l’évènement à Zürich présentant les opportunités économiques au Maroc par l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE). Ma mission économique va également dans cette direction. Des relations durables et prospères ne peuvent se créer que si nous nous familiarisons avec les attentes et souhaits de notre partenaire. Les contacts répétés sont donc essentiels. Une meilleure connaissance ouvre la porte à davantage d’engagement entre les acteurs suisses et marocains.